La musique à l’ère du streaming et de l’IA

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La musique à l’ère du streaming et de l’IA

Quand la musique devient un bruit de fond

La musique est partout. Dans le métro, sous la douche, au bureau, à la salle de sport, en fond d’écran sonore permanent. Mais combien d’entre nous écoutent vraiment ce qu’ils entendent ? Avec le streaming illimité et les algorithmes de recommandation, notre rapport à la musique a changé. On n’écoute plus des albums, on “laisse tourner des playlists”. Et c’est bien là le problème : la musique, autrefois un art de l’attention, est devenue un flux passif, un fond sonore algorithmique.

Le fondateur de Spotify, Daniel Ek, le résume parfaitement : “Notre principal concurrent, c’est le silence.” Une phrase à la fois lucide et inquiétante…

Illustration d’un homme écoutant de la musique face à un robot IA, avec des notes flottantes et des ondes sonores, évoquant la collaboration entre l’humain et l’intelligence artificielle dans la création musicale.

L’humain et l’IA : une nouvelle harmonie dans la création musicale.


L’évolution de l’écoute musicale : de l’album au flux

De la passion à la passivité

Autrefois, écouter un album était un rituel : on lisait les crédits, on découvrait la pochette, on se laissait surprendre par la track suivante. Aujourd’hui, les plateformes comme Spotify, Apple Music ou Deezer privilégient la vitesse et la quantité.

Selon l’IFPI (2024), 82 % des utilisateurs écoutent de la musique en streaming et 60 % le font de manière multitâche : pendant qu’ils travaillent, cuisinent ou se déplacent.
Résultat : la musique devient un bruit de fond, un simple accompagnement sonore, sans attention ni mémoire.

Le reportage d’Arte Tracks, “Faut-il réapprendre à écouter de la musique ? souligne cette dérive :

“Les gens écoutent de plus en plus, mais entendent de moins en moins.”


L’essor des outils IA musicaux

La révolution suivante n’est plus seulement dans la manière d’écouter, mais dans la manière de créer. L’intelligence artificielle a ouvert une ère nouvelle : celle où n’importe qui peut devenir compositeur.

Les grands acteurs de la musique IA

  • Suno AI : génère des chansons entières à partir de simples phrases.

  • Soundful : produit des boucles et des beats professionnels.

  • Moises : sépare les pistes d’un morceau (voix, batterie, guitare…).

  • LALAL.ai : extrait les stems pour le remix et le mastering.

  • Soundraw : crée des musiques libres de droits selon un style ou une émotion.

Ces outils ont démocratisé la création musicale, mais ont aussi brouillé les frontières entre compositeur, producteur et utilisateur.


🎹 Et derrière la musique IA… il y a aussi des humains, des vrais

On parle beaucoup des bots IA qui génèrent des milliers de titres sans âme, mais il ne faut pas oublier ceux qui sont derrière : des créateurs humains passionnés. Des gens qui se servent de ces outils non pas pour tricher, mais pour inventer, explorer, ressentir.

Je peux en témoigner : je suis musicien depuis mes 6 ans. J’ai appris plusieurs instruments, j’ai été DJ pendant des années, et j’ai longtemps composé sur Cubase. Mais depuis 2024, j’ai plongé dans l’univers de la création musicale IA, avec des outils comme Suno, Soundful, Moises ou Soundraw.

Et je peux vous le dire : créer un bon morceau avec l’IA, c’est technique, exigeant, et profondément humain.

Oui, on peut générer un son en 30 secondes, mais pour produire un vrai morceau, un titre qui a du sens et de l’émotion, il me faut environ 8 heures de travail. Parce que tout repose sur le prompt (ce texte qui guide la génération musicale.)

Trouver le bon prompt, c’est comme écrire une partition invisible : il faut tester, affiner, reformuler, trouver les bons mots-clés. Et quand le résultat est là, la satisfaction est immense.

Alors oui, il existe des “robots à musique”, mais il existe aussi des artistes qui créent avec l’IA (pas contre elle). Des artistes qui veulent partager, transmettre, faire vibrer. C’est une autre manière de composer, mais c’est toujours de la musique vivante.

La vraie question, c’est : avec la multiplication des morceaux IA, n’est-on pas en train de créer une musique jetable ?. Une musique de flux, produite et oubliée aussitôt ?


La guerre des plateformes : streaming vs musique IA

Les plateformes de streaming font face à un dilemme :
Faut-il interdire la musique générée par IA, ou l’intégrer intelligemment ?

  • Spotify a déjà supprimé 75 millions de morceaux IA ou frauduleux en 2025 (source : The Guardian).

  • Deezer estime que 70 % des écoutes IA sont manipulées par des bots.

  • Universal et Warner travaillent sur des licences IA pour rémunérer équitablement les artistes humains.

Le problème est complexe :
Qui est l’auteur d’un morceau généré par IA entraînée sur des œuvres humaines ?
Et comment garantir la transparence pour les auditeurs ?


Vers une réappropriation de l’écoute

Face à cette saturation sonore, certains acteurs prônent un retour à l’écoute active. Le fondateur de NTS Radio le dit clairement :

“Il faut réapprendre à écouter avec attention, à ressentir ce qu’un artiste veut nous dire.”

Certains artistes reviennent à des formats immersifs :

  • Albums conceptuels, pensés comme des voyages.

  • Vinyles à édition limitée.

  • Concerts en silence, où les téléphones sont interdits.

Bref, un mouvement inverse se dessine : ralentir pour mieux écouter.


Conclusion : l’IA ne remplace pas l’émotion

L’intelligence artificielle bouleverse (aussi) la création musicale, c’est indéniable. Mais elle ne remplace ni la main du musicien, ni la sensibilité de l’auditeur.

Elle peut être un formidable outil d’expression, si on garde à l’esprit ce qui fait la beauté d’une chanson : l’intention humaine.

Aujourd’hui, la musique doit retrouver son pouvoir émotionnel. Et ça commence par un geste simple : Prendre le temps d’écouter…

Gaël Roques


🔗 Pour aller plus loin

👉 Voir le reportage ARTE : Faut-il réapprendre à écouter de la musique ?

👉 Pour écouter mes musiques IA : Razobik Music

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